Le Gabonais Janis Otsiemi occupe désormais une place prépondérante dans le paysage littéraire francophone. Rappelons-nous des enquêtes pleines de rebondissements de ses personnages flics ou gendarmes et de la mise en lumière des pratiques machiavéliques et maléfiques des hommes de pouvoir. Les investigations de la gendarmerie et de la police sont justement au centre de son dernier opus « Les voleurs de sexe ».
Dans ce roman, le colonel Lambert Essono confie une enquête au capitaine Koumba de la Police Judiciaire et à ses collaborateurs afin de mettre un terme aux agissements de plusieurs individus qui subtilisent depuis un certain temps et de façon mystique des sexes masculins puis les restituent contre une rançon. La psychose s’installe dans la ville de Libreville où tout le monde tient à ses bijoux de famille. Bien que ce dossier soit leur priorité, il n’emballe pas les officiers de police qui ont d’autres chats à fouetter.
Avec décontraction et humour, mais également sur fond de concurrence entre services de sécurité, Janis Otsiemi conduit aussi le lecteur au cœur même des investigations de cette équipe policière à propos d’un braquage au préjudice de Monsieur Li Chang, directeur de la société China Wood. Quant aux gendarmes du camp Roux, ils sont préoccupés par une affaire de photos compromettantes pour le président de la République, Papa Roméo.
A la gendarmerie, les hommes du commandant Kouna subissent la pression de leurs supérieurs voulant connaître l’origine des photos attentatoires pour le chef de l’Etat lors de son intronisation maçonnique en qualité de Grand Maître de la Loge Nationale du Gabon. Une structure obscure « associée à la sorcellerie devenue presque une religion d’Etat. » Tout le monde est sur les dents. Si les gendarmes sont derrière Tata, Balard et Benito, des jeunes d’une vingtaine d’années, les ripoux surveillent Kader, Pepito et Poupon.
Pendant ce temps, les voleurs de sexe courent toujours au grand dam des victimes. C’est le cas, par exemple, pour Jeanne Mabika lorsque le sexe de François Moutsinga, son époux, est volé, sa réaction immédiate étant d’hurler à tue-tête : « Rends le bangala de mon mari ! Rends le bangala de mon mari !… »
C’est avec beaucoup de talent que l’auteur de « La bouche qui mange ne parle pas » décrit son environnement. Le polar est un filon dans lequel il excelle. Il s’affirme de plus en plus au travers de sa plume enquêtrice en étant également un porte-parole des sans-voix, un lanceur d’alertes, un ennemi du mal et de la piètre gouvernance. Ce livre est résolument une pépite supplémentaire de Janis Otsiemi.
Franck CANA
« Les voleurs de sexe » de Janis Otsiemi, polar, éd. Jigal, 198 pages, 18 euros.
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