Le décès des six employés de l’usine de fabrication de ciment WACEM suite à une explosion le 30 juin 2015, continue de hanter l’esprit des Togolais. Des manifestations sont d’ailleurs prévues ce jeudi à Tabligbo, localité située à 80 km au nord-est de Lomé, pour honorer la mémoire de ces concitoyens. Une messe se dite à la paroisse Saint Esprit de Tabligbo pour le repos des âmes des illustres disparus. Elle sera suivie, à midi, par une marche silencieuse qui quittera le rond-point de la ville pour chuter à la place de l’indépendance.
Un an après ce drame, les conditions de travail demeurent malheureusement les pires formes de de l’esclavage moderne. Manque d’équipement de protection individuel, privation des repos, des congés payés, des congés de maternité, salaire avorton inférieur au SMIG, licenciements abusifs, voilà la dure et triste réalité des travailleurs de cette société minière.
Une situation peu enviable ayant conduit à un mouvement de grève de trois mois, lequel a entraîné par la suite le licenciement de 600 employés de Wacem dont 100 de Fortia. Conséquences directes de ce licenciement massif et “abusif”: 600 Togolais se retrouvent sans emploi, 600 foyers sans revenus, certains se sont vus expulsés de leurs logements, d’autres dont les enfants sont déscolarisés, etc.
Un accord fut donc signé le 05 janvier dernier entre les délégués du personnel et la direction de WACEM sous l’égide du ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative. Un accord qui suspend automatiquement la grève et qui devrait permettre entre autres :la régularisation et la régulation durable des contractuels travaillant à WACEM; l’assurance maladie pour les travailleurs de WACEM; des mesures de santé et de sécurité au travail; la mise en place d’un audit indépendant; le certificat de conformité environnemental et social; la grille d’avance des travailleurs; l’engagement; mesures et suivi.
Six mois plus tard, c’est le statu quo. Le Syndicat démocratique des mines (SYDEMINES) affiche une “déception profonde” vis à vis des points fondamentaux contenus dans l’accord.
En conférence de presse le 27 juin 2016 à Lomé, le SYDEMINES et ses partenaires dont l’Ong Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD) ont jugé “regrettable” la mise en oeuvre de cet accord qui n’a malheureusement qu’empirer la situation de ces travailleurs par le licenciement de 500 travailleurs de Wacem et 100 de Fortia sans indemnisation ni dédommagement, et à la surexploitation de près de 400 travailleurs dont 200 permanents et 200 contractuels, sans contrepartie sur les salaires.
“L’accord que le gouvernement a mis plus d’une année à négocier, n’a fait que recopier le strict minimum que le législateur a prévu pour les travailleurs d’une grande unité de production comme WACEM”, peut-on lire dans une déclaration conjointe lue par Kodjovi Sedonou (photo au micro), secrétaire général de SYDEMINES.
“La seule innovation que le gouvernement a apportée reste la régulation du personnel à titre de représailles qui a permis à WACEM de licencier abusivement 500 contractuels sans oublier les 100 de FORTIA”, souligne la déclaration.
“Pendant que cette malheureuse innovation est mise en oeuvre avec toute la célérité possible, le strict minimum miroité aux travailleurs reste toujours des paroles sur papier”, précise le document.
“L’accord qui devrait permettre l’amélioration de nos conditions, s’est plutôt retourné contre nous. Et nous en souffrons. Cela fait bientôt 20 ans que WACEM opère sur le territoire togolais. Combien de temps faut-il encore pour que les choses changent dans cette société? Donc, ce que nous demandons au gouvernement, c’est de dresser le bilan des 6 mois de cet accord et d’agir le plus vite que possible car c’est lui qui est sensé nous protéger”, a plaidé M Sedonou.
Face à ce “dilatoire” et à la “désinvolture” de Prasad Motaparti, le PGD de WACEM/FORTIA, le SYDEMINES et ses partenaires comptent de se faire entendre par tous les moyens légaux dont ils disposent, à l’instar de saisir la justice et d’organiser une marche de protestation. Vivement que les signataires de l’accord du 05 janvier 2016 puissent trouver un consensus afin d’éviter que les choses ne dégénèrent.
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