Le cinéma africain a toujours eu de belles choses à offrir. Et Yana Loemba Delho d’une part et Amog Lemra, d’autre part, semblent bien partis pour offrir au public ce qu’il y a de plus beau. De commun, ces deux réalisateurs ont la passion du cinéma ainsi que leurs origines congolaises. A 32 ans, la première est une brave épouse qui réside à Pointe-Noire au Congo. Elle compte déjà à son actif la production en 2011 du documentaire « La femme congolaise entrepreneur ». Avant d’en arriver là, elle créée la société de production LDYN Prod, recrute trois stagiaires, un réalisateur- infographe et un ingénieur du son. En 2012, elle tourne le court-métrage « Troc » puis « Le droit d’aimer » en 2014. Et cette année, elle a également ajouté à son tableau l’émission télévisée « Talents cachés », diffusée sur la chaîne DVS Plus, qui vise la promotion culturelle et artistique des jeunes congolais.
Une ravissante femme aspirée par l’objectif
Fille de la première femme notaire de son pays, cette scénariste, réalisatrice et productrice force l’admiration. Pourtant, cette inconditionnelle du 7eme art qui a fait ses études cinématographiques dans l’hexagone se souvient qu’au début son rêve professionnel n’était pas vraiment accepté. « J’ai toujours voulu être moi-même et non une autre. C’est peut être une forme de rébellion au regard de la famille et de notre société, mais j’assume. A mes débuts, c’était difficile de faire comprendre ma passion du cinéma à certaines personnes de ma famille, et en dehors de celle-ci, les gens étaient étonnés de voir une jeune femme vouloir être derrière la caméra. Finalement, les résultats ont convaincu ».
Sa production a déjà été projetée à l’Institut Français du Congo à Brazzaville. Le Prix de l’Encouragement lui a été décerné au centre culturel Jean-Baptiste Tati-Loutard à Pointe-Noire pour son film « Troc ». Ainsi, celle qui prépare un documentaire sur « La famille paternelle » et met la dernière main à une série d’animations intitulées « Ambiance Mboka », en probable partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, est toujours à la caméra. D’ores et déjà, son premier long métrage, « Les jeunes au pouvoir » est prévu pour 2015.
Le projet « To zali » permet aux professionnels de travailler ensemble
C’est dans la construction du projet « To zali » initié par Amog Lemra et Rufin Mbou, un autre réalisateur, que les talents professionnels du premier et de Yana Loemba Delho vont se distinguer. Du collectif « To zali » qui réuni plusieurs metteurs en scène et prévoit la production de dix courts métrages qui évoquent le quotidien naquit d’ailleurs en 2013 la dernière œuvre d’Amog Lemra intitulée « Mensonge légal ». Habitué désormais du tapis rouge, il est l’auteur et réalisateur du film « La tombe d’un rêve », tourné en 2007 à Paris et sélectionné en 2009 au festival panafricain du film à Ouagadougou, avant d’être nominé au festival cinématographique « Écrans Noirs » au Cameroun en 2010. Il réalise ensuite les films « Qui perd gagne » en 2008 puis « Identité malsaine » en 2010, son premier long métrage, sélectionné au festival du film de Ouidah au Bénin en 2011.
De la trempe de ceux qui foncent, parce que rien ne saurait les détourner de leur objectif, il baigne très tôt dans la poésie et la prose avant de penser à mettre en scène ses écrits : « C’est lors du tournage du film « Le faucon noir » de Ridley Scott au Maroc que je prends définitivement la décision de mettre en scène mes textes pour leur donner vie », affirme ce parisien au phrasé aguerri. En France, c’est son deuxième long métrage, « Entre le marteau et l’Enclume » qui vient asseoir son génie avec sa consécration en avril 2014 par le Prix du Jury du festival international du film panafricain de Cannes. Une production qui a d’ailleurs reçu dernièrement le Prix de « l’Encouragement » à Moscou.
Le cinéma fait parler la vie
Ce trentenaire amoureux de Paname a fait un retour aux sources avec le tournage de ce film au Congo. Ce long métrage qui devrait être à la disposition du grand public en 2015 fut en compétition officielle au 17eme Festival du cinéma Africain de Kouribga au Maroc en juin dernier. Et actuellement, ce travailleur acharné est au Cameroun où « Entre le marteau et l’Enclume » est en compétition officielle au festival « Écrans Noirs » à Yaoundé.
Des talents, en Europe comme en Afrique, il y en a beaucoup, mais malheureusement ils n’auront pas toujours la persévérance et les moyens de mettre leur savoir-faire en lumière. D’où le grand mérite de ces deux surdoués de la mise en scène. Entre parodie, réalité et engagement, le travail de Yana Loemba Delho et celui d’Amog Lemra finit par percer l’espoir. Il permet de leur redonner une juste place et d’encourager la jeunesse africaine entreprenante. Ils comptent sans doute au nombre de ceux qui tirent l’Afrique vers le haut.
Franck CANA
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