Soixante-dix jours de grève, salaires impayés, employeur en voyage, 1148 travailleurs à la maison, blocage des négociations, voilà la situation qui prévaut à ce jour, au sein Wacem, Fortia et Paper Bags, des usines spécialisées dans l’exploitation du klinker, la production de ciment, et la fabrication des sachets, situées à Tabligbo (85km au nord-est de Lomé).
Cela fait plus de deux mois donc que ces travailleurs observent une grève pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, lesquelles s’apparentent depuis une vingtaine d’années, à une forme d’esclavage, du néocolonialisme si l’on peut se permettre de le dire ainsi.
Eprouvant un sentiment d’abandon de la part de leurs employeurs, et ne trouvant pas d’interlocuteur valable, ces travailleurs se sont réunis mardi dernier à la Place de l’indépendance de Tabligbo pour se soutenir mutuellement en ces périodes de fêtes de fin d’année, se souhaiter des meilleurs vœux pour 2016 et s’armer davantage de courage pour la suite de ce bras de fer.
A noter que ces employés grévistes sont soutenus dans leur action par des organisations à l’instar l’Ong SADD, le SYDEMINES, la FTBC, l’ATDPDH, la STT, etc.
Au cours de la rencontre, ces diverses organisations syndicales et de défense des droits de l’homme, se sont succédé à la tribune pour apporter leurs messages de soutien et d’espoir. Dans leur intervention, chaque responsable a réaffirmé son engagement inconditionné à défendre la cause de ces travailleurs, qui se révèle être une cause nationale.
« 19 ans, c’est trop », « 13 ans, ça suffit », « nous sommes petits mais c’est nous qui avons arrêté les machines de Wacem», « Si Wacem doit se relever, ça dépendra de nous », voilà entre autres slogans que l’on pouvait entendre de la part des manifestants.
« Notre employeur pense qu’à force de nous affamer, nous allons revenir en rangs dispersés. Cela fait bientôt 3 mois qu’ils n’ont plus de quoi à vivre à la maison mais ils demeurent solides comme au premier jour de la grève, ils sont solidaires et c’est ce que nous attendons d’eux », a lancé pour sa part Mensah Sedonou, secrétaire général adjoint de SYDEMINES.
« Nos richesses et nos ressources nous appartiennent et non à ces indiens qui les exploitent en nous enfonçant davantage », vociférait l’un des grévistes, visiblement remonté contre le mutisme de leurs employeurs.
Par rapport à l’appel de solidarité lancé par l’Ong SADD, à la veille de cette manifestation à Tagbligbo, vis-à-vis de ces travailleurs laissés sur le carreau, eh bien cela a reçu un écho favorable.
Ainsi, l’Ong SADD a offert elle-même une enveloppe financière de 500 000 F CFA, la FTBC 125 000 F, la STT 150 000 F, le SYDEMINES 250 000 F, un cadre du milieu a offert 100 000 F CFA, l’Eglise Pentecôte a fait don de 300 bols de maïs (l’équivalent de la somme de 200 000 F CFA), les 280 employés permanents de Wacem ont également manifesté leur solidarité en offrant 5 000 F chacun.
Plaçant l’évènement dans son contexte, Yves Dossou, le coordonnateur général de SADD a indiqué en ces termes : « La détermination et l’engagement de ces travailleurs illustrent bien leur contribution à aider le Togo à relever le défi du travail décent. Nous sommes donc venus leur apporter notre soutien avec notre modeste contribution afin qu’ils puisent partager quelque chose avec leur famille en ces périodes de fêtes de fin d’année ».
An en croire Gilbert Bawara, le ministre de la Fonction publique, du travail et de la réforme administrative, « la situation de ces entreprises reste complexe. Du coup, il y a un certain nombre de choses à régler et de façon profonde, probablement avant la fin de l’année 2015 ».
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