La nausée, c’est ce que j’ai ressenti ce matin du jeudi 7 août 2014 lorsqu’attablé devant une tasse de thé, je scrutais les canards de certains confrères, histoire de me faire une autre idée de l’actualité. A la une du journal Liberté, on pouvait lire « Showbiz et politique » King Mensah, un artiste au service de la dictature “gnassingbéenne”. (par ici l’article) Une gorgée de Lipton me permit de tenir solidement le journal et de me plonger dans la lecture du billet. A peine le premier paragraphe achevé que j’ai commencé par sentir mes tripes remuer. Ce n’était pas la bonne saveur de mon thé qui me soulevait de ma chaise mais le contenu indigeste et nauséabond que je venais d’avaler par mes yeux. C’est à peine que j’ai pu achever ma tasse de thé. La déconfiture journalistique est arrivée à son comble dans mon pays.
Oh ! oui, le comble de la déliquescence est atteint ! Après avoir raillé, injurié , traîné dans la boue hommes politiques, hommes d’affaires, religieux, il ne manquait que les artistes pour passer à la Moulinex de notre confrère de Liberté qui s’est, depuis quelque temps, littéralement détourné de la mission première d’un journaliste [informer, éduquer,former et distraire] pour se réduire à un exterminateur du socle social togolais.
Après les salves sur Monseigneur Nicodème Barrigah et à travers lui à tout le clergé catholique togolais, c’est le tour du grand musicien togolais King Mensah de se retrouver dans la ligne de mire du gros porc de Tchekpo. Le tort de King, le roi de la musique togolaise, c’est d’avoir regroupé d’autres artistes autour d’un projet musical dénommé Menewou (mon frère en Kabyè) pour chanter FNFI AKPE. Une chanson qui selon le gros de notre corporation, n’a qu’une seule finalité : rendre service à Mme Victoire Tomégah-Dogbé.
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Ainsi, l’artiste et son art n’ont plus droit de cité avec notre journaliste qui foule aux pieds les libertés élémentaires de la vie d’un être et plus grave encore celui d’un artiste en oubliant que c’est au nom de cette même liberté qu’il a tout récemment publié un livre dont le contenu n’est que la contrefaçon de la vraie vérité. Personne ne la détient d’ailleurs ! Au moment où l’Afrique s’efforce d’atteindre un niveau élevé dans l’exercice et la jouissance des libertés fondamentales, notre journaliste « enragé » trouve opportun de dénier à un artiste le droit de chanter !
Zeus Aziadouvo serait un compositeur de chansons que l’on aurait pris avec un brin d’humour ses remarques d’adolescent dans le monde musical dont il ignore tout ! Pouvez-vous me dire si un homme à la voix de crapaud, comme celle de Zeus qui peine à rendre audible son nom, peut gazouiller un refrain d’une seule seconde ? Être un artiste, c’est pouvoir laisser libre cours à son imagination et à sa créativité. Sans même porter de couronne sur sa tête, King Mensah reste et demeure pour l’heure le roi de la musique togolaise.
Et ça Zeus AZIADOUVO ne l’ignore point même si ça lui fait mal que les choses soient ainsi. Deux fois distingué aux « African Kora Music Awards », l’artiste King Mensah est aujourd’hui un grand ambassadeur de la musique togolaise. A travers lui, c’est tout le Togo qui est vu et admiré. Ce qu’il a déjà apporté au Togo dépasse de loin ce que Zeus Aziadouvo peut faire pour notre pays. Il est après tout un homme et il a ses convictions, il a des droits et au nom de ces droits, il peut faire ce qui lui plait, dans les limites de la loi, au nom de la liberté.
King Mensah n’a jamais forcé Zeus AZIADOUVO à écouter ses morceaux. King Mensah dispose de son libre arbitre tout comme Zeus AZIADOUVO dispose du sien dont il s’est d’ailleurs prévalu pour se muer en reporter et couvrir les activités de l’escroc international Agba Bertin à Kumasi et en Afrique du Sud sans que cela ne gène personne. Si on doit détruire ces monuments de la culture togolaise au nom d’une lutte politique dont on ne connaît même pas les dessous, on risque de se perdre et d’induire en erreur toute une génération de jeunes qui nous observent et attendent de nous des exemples, les bons. L’artiste tout comme les stars (du sport et du cinéma) est libre de prendre part aux manifestations politiques, libre de choisir le camp auquel apporter son soutien.
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Dans tous les pays du monde, même ceux dits plus démocratiques, les hommes politiques ont toujours sollicité les talents de ces artistes. Certains d’ailleurs n’attendent pas qu’on les sollicite avant d’apporter leur soutien à des hommes politiques dont ils épousent l’idéologie. Pourtant cela n’a jamais donné lieu à des attaques sévères contre eux ! Jay-Z, Beyonce, Samuel Leroy Jackson et toute la clique des rappeurs hip-hop n’ont-ils pas brillamment participé à l’élection du premier président noir des Etats-Unis ? Frank Shepard Fairey, jeune américain de race blanche, n’est-il pas l’artiste qui a dessiné le fameux portrait (regardez l’illustration ci-contre) OBAMA intitulé Hope, destiné à orner les rues de Chicago pour la présidentielle de 2008 ?
Et tout récemment Fally Ipupa, l’artiste congolais, n’a-t-il pas été invité à la Maison Blanche par Barack Obama lors du Sommet USA Afrique ? Pourquoi une simple chanson de King Mensah doit nous faire oublier tous nos repères d’intelligence et de démocratie ? Zeus AZIADOUVO, soit il est de mauvaise foi, soit il n’est pas assez cultivé. En France de qui nous avons hérité la pratique démocratique, n’a-t-on pas vu les artistes afficher leur soutien aux deux camps antagonistes lors des présidentielles de 2012 ?
Les journalistes français ont fait leur travail de reportage de l’actualité sans pourtant verser dans la diabolisation de ces artistes. Le journal le Monde n’a jamais renié aux artistes Johnny Hallyday, Mickaël Vendetta, Gérard Depardieu leurs talents parce qu’ils ont exprimé leur soutien à Nicolas Sarkozy lors des présidentielles de 2012. Pareil pour les journalistes du Figaro envers les artistes proches des socialistes français comme Yannick Noah, Jean Benguigui. La liberté d’expression n’a pas de limite. Ailleurs, ce sont les médias qui sont les boucliers des artistes devant les différentes formes de censure.
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Pourquoi chez nous certains veulent pousser l’artiste à s’autocensurer alors qu’eux, ils n’ont jamais été inquiétés pour leur production ? Il est temps de se départir de ces vieux clichés qui consistent à considérer la politique comme une forme de pensée rigide où règne l’intolérance, où il n’y a pas de place pour l’adversaire : ce mode de pensée est de la pure dictature. La perception de la démocratie qui se lit à travers les écrits du journaliste de Liberté fait craindre une autre forme de pensée unique dans notre pays. Zeus inculque à ses lecteurs, non une façon de penser autrement l’art et la liberté d’expression, mais une nouvelle façon de penser où toute forme d’existence autre que ce qu’il connaît, ne doit pas être tolérable. Soit on regarde dans la même direction que ses mentors de l’ANC et on a la vie tranquille, soit on regarde ailleurs et on devient la cible de toutes les attaques même les plus malsaines !
Sommes-nous tous obligés de chanter et de louer l’ANC et le CST ? Zeus aurait souhaité voir King écumer les trottoirs de la ville de Lomé, le joint de marijuana à la main, dreadlocks puant, chantant les refrains anti-Faure …comme on en voit souvent lors des meetings de l’ANC.
Nous pensons que la conception de la démocratie et de la liberté d’expression chez un journaliste comme ZEUS peut conduire à l’abêtissement de notre société s’il n’est pas rappelé à l’ordre.
Au moment où nos jeunes frères se battent avec le peu de moyens à leur disposition pour tenter de corriger la notion de la démocratie que nous avons injectée au sein de la population [par nos publications déformées et intoxicantes, par nos propos foncièrement haineux et destructeurs], au moment où la notion de civisme et de citoyenneté revient à la première place, il se trouve des Directeurs de Publications qui se donnent le plaisir de démonter le corps social togolais à travers des écrits où on sent plus l’intolérance et la haine. Ceux-ci ne sont pas à leur premier coup, ils se sont fait spécialistes comme leurs compères politiciens : se mettre en marge de l’évolution de la société et torpiller toutes les initiatives de développement, mêmes celles qui profitent à la société toute entière.
Fort heureusement qu’ils sont peu nombreux ! King Mensah est un artiste qui puise sa source d’inspiration dans le vécu quotidien de son peuple et en Afrique, le chant est partout et de tout temps présent : il rend hommage et célèbre, le chant critique aussi la société et ses hommes ! A la naissance d’un enfant comme à la mort d’un adulte, le chant est présent ! Sous la canicule ou sous la pluie, l’homme noir a toujours chanté ! Et c’est son temps que l’artiste chante.
Source: https://petertchalawou.wordpress.com/2014/08/13/agression-sur-king-mensah-un-plan-machiavelique-contre-la-culture-togolaise/
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