L’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS) ne désespère pas de voir les deux principaux regroupements de formations politiques de l’opposition que sont, le CST et la Coalition Arc-en-ciel, s’engager dans une dynamique « unitaire ». Cette position a été exprimée par Messan Agbéyomé Kodjo, président national d’OBUTS dans un long message adressé à la nation, rendu public mercredi et dont voici le contenu

 

Mes Chers Compatriotes,

Togolaises, et Togolais,

Toute vie d’homme n’est-elle pas une mission ? Toute vie d’homme sur terre n’est-elle pas un temps de service ? Dès lors, dans la vie citoyenne au sein de la cité, il est du devoir des responsables politiques démocratiquement désignés pour la conduite des affaires publiques, d’aider chaque citoyen à réussir la mission qui est sienne, dans la paix et la confiance partagées.

Malheureusement en terre togolaise cette perspective n’est que chimère, car jamais il n’y a eu une telle ampleur de rupture de confiance et d’angoisse éprouvée au cœur du quotidien de nos populations.

Jamais dans l’histoire de notre pays, l’exaspération et la désespérance n’ont atteint un si haut degré. En vérité, il est tristement fait le constat de ce que sous l’actuelle gouvernance, la puissance publique et tous ses démembrements se désagrègent !  

Le Togo notre Mère Patrie connaît la plus forte convulsion de son histoire de laquelle il pourrait résulter une explosion sociale sans égale, si l’outrance, l’inanité et la duplicité de nos gouvernants ne font pas rapidement place à la mesure, au discernement et à la sagesse.

Les agents de l’État dans leurs légitimes revendications pour une amélioration substantielle de leurs conditions de vie et de travail sont baladés par leurs interlocuteurs, représentant le pouvoir en place. S’agissant des étudiants, ils sont désorientés par la nouvelle organisation de délivrance des diplômes universitaires dite LMD « licence-master-doctorat » modifiant le système d’enseignement supérieur togolais.

Le comble du désespoir de la jeunesse togolaise tient au fait que globalement, les jeunes et les diplômés sont sans emploi, confrontés à la précarité et sans perspective d’avenir.     

S’agissant d’une large majorité de la population, elle vivote dans une incontestable misère liée certes à la crise économique ambiante, mais aussi et surtout  en raison de la mauvaise gouvernance du pouvoir en place ainsi qu’aux mauvais choix économiques qui ont négativement impactés le pouvoir d’achat de toutes les couches sociales de la population.      

Circonstance aggravante, les incendies criminels des marchés de Kara et de Lomé ont conduit à un renchérissement des prix des denrées de première nécessité alors que le pouvoir d’achat du consommateur togolais était depuis fort longtemps déjà réduit à portion congrue.

S’agissant du front social, il est en constante ébullition et ne recueille pour réponse du pouvoir en place que la violence policière. Pour ce qui est du droit de manifester pacifiquement sur la voie publique, droit constitutionnel seulement soumis à une obligation de déclaration préalable indiquant le but de la manifestation, le lieu, la date, l’heure du rassemblement et l’itinéraire projeté, il connait de sérieuses violations et régressions.

L’indicible détresse de toutes les composantes de la société togolaise dont les cris semblent inaudibles aux oreilles du pouvoir en place, laisse apparaître que la vie et la dignité humaines ne sont plus sacrées sous nos cieux où prospère le sacrilège.

Depuis quelques années on assiste à une criminalisation inquiétante des journalistes indépendants, ceux qui refusent de faire les louanges du pouvoir.

Pour des articles de presse, des journalistes sont convoqués dans les services de renseignements, inculpés sur la base du Code pénal en violation du code de la presse.

La HAAC une institution qui veille au libre accès des médias par les partis politiques est devenue un instrument au service exclusif du pouvoir et vient de voir ses prérogatives renforcées par l’Assemblée nationale suite au vote d’une loi liberticide dénoncée par les organisations de presse.

Au Togo, l’horizon  s’est ainsi tristement assombri et ne présage rien de bon pour les générations présentes et celles à venir !

Quid des opposants politiques soumis à des attaques ad hominem infamantes ; traités comme des ennemis dont le quotidien est fait de brutalités policières et d’iniquités frappées d’un sceau prétendument judiciaire ; traqués comme des fauves auxquels le prix de la paix semble se circonscrire au silence et à la résignation ?!

L’objectif recherché étant manifestement soit, la mise à mort politique, soit, en tant que de besoin, un anéantissement physique, de tous les adversaires politiques fortement gênants.

Le débat contradictoire et les contributions portés par les leaders de l’opposition politique et censés éveiller les citoyens à la chose publique agacent et donne à penser que l’intérêt général  constitue au Togo une variable d’ajustement soigneusement remisée, à n’utiliser qu’à des fins d’instrumentalisation politique.

L’autorité judiciaire est mise au service de l’arbitraire. En témoigne les pires avanies que subissent les militants et leaders de l’opposition comme ce fut le cas encore récemment  s’agissant du fâcheux sort qui fut fait à monsieur Abass Kaboua, Président du MRC ainsi qu’au Commandant de Gendarmerie Olivier AMAH, tous deux membres du Collectif Sauvons le Togo, enlevés et déportés dans des conditions détestables, l’un à la prison civile de Notsé et l’autre à la prison civile de Mango, de sinistre réputation.

Mes Chers Compatriotes,

Togolaises et Togolais,

Depuis plus de  cinq (5) mois que les incendies criminels de Kara et de Lomé ont ruiné une vie de rude labeur de nos commerçantes, le pouvoir en place n’a à ce jour, ni conçu ni élaboré aucune stratégie de relance des activités des victimes de ces incendies criminels.

Pire, les coupables sont en liberté et ne paraissent nullement inquiétés. Or, dans le même temps, des victimes innocentes subissent des humiliations dans des conditions inhumaines et dégradantes dans les prisons du Togo.

La machine à fraude électorale d’ores et déjà mise en place par le pouvoir s’étant en toute vraisemblance révélée insuffisante pour qu’il s’adjuge la victoire quoiqu’il advienne, il est permis de penser que l’infernale orchestration des incendies de Kara et de Lomé, ne visait en réalité qu’un seul objectif : faire des leaders du Collectif Sauvons-le-Togo, de monstrueux coupables mis à l’index, en vue de les empêcher de prendre part au prochain scrutin législatif,

En dépit de toutes les preuves accablantes qui détruisent et réduisent à néant les imputations hasardeuses, les accusations grotesques et autres allégations sans fondement diffusées, proclamées et discourues, le parquet continue de maintenir en détention d’innocentes victimes.

À ce jour, les conclusions de l’expertise de la police scientifique française n’ont étonnamment toujours pas été rendues publiques ; aussi, les différentes déclarations fracassantes et rétractations circonstanciées de l’accusateur principal, Mohamed Loum demeurent sans effets sur le cours de l’instance pendante.

Le décès d’Etienne YAKANOU prisonnier ayant succombé des suites d’un défaut de soins médicaux adaptés, a provoqué une vague d’indignation dans l’ensemble du pays. Cette tragédie humaine n’a même pas ému le pouvoir en place en l’incitant à plus d’humanisme et au respect de la vérité.

À cet égard, les personnes abusivement maintenues en détention relativement aux incendies de Kara et de Lomé doivent  sans délai recouvrer leur liberté, notamment messieurs Alphonse KPOGO, Frédéric Abass KABOUA, et Gérard ADJA et Olivier Poko AMAH.

S’agissant des assassins des jeunes élèves Anselme Gouyano Sinandaré et de Douti  Sinalengue, ils   jouissent à ce jour, d’une totale liberté.  Quant à la milice qui  a exercé des voies de faits sur les manifestants pacifiques de l’opposition en septembre 2012 à Lomé, ils poursuivent leurs basses œuvres sans être inquiétés.

 Nul ne peut s’accommoder plus que de raison de cette gestion bricolée du pays. Il est temps de mettre un terme à pareille situation ubuesque.

C’est pourquoi, il devient plus qu’urgent que toutes les forces démocratiques et syndicales du Togo se coalisent et  constituent un grand mouvement pour dire au pouvoir et à ses affidés : ça suffit, plus jamais ça sur la Terre de nos Aïeux !

Cette force que j’appelle de mes vœux devra définir un programme commun de réhabilitation de notre pays sur une base démocratique et se doter d’une structure de coordination unique des actions devant conduire le peuple togolais à sa libération.

La conquête du pouvoir est constitutive d’une estimable ambition politique pour mettre un terme à la lente agonie de notre nation.

Au Togo, l’alternance politique ne constitue plus, à mon sens, en ce moment critique un combat politique, mais une cause nationale voire une urgence humanitaire.  Et en tant que telle, nous n’avons plus le droit de nous y soustraire.

Pour ce faire, les forces de l’alternance et du progrès doivent se faire violence et taire leur égo, consolidant le socle de leur union, autour de ce seul objectif qui vaille et ainsi  mettre hors d’état de nuire les héritiers de l’immobilisme et les funambules.

Mes Cher Compatriotes

Togolaises et Togolais

Le dialogue politique sérieux tant souhaité pour la mise en œuvre des réformes institutionnelles et constitutionnelles de l’APG signées à Lomé depuis le 20 aout 2006, ainsi que les pertinentes recommandations des missions d’observation électorale de l’UE, peine à se mettre en place.

Nous saluons le courage et la lucidité de Mgr Barrigah, qui  au cours d’un entretien accordé le 10 juin 2013, au quotidien français -La Croix- exhorta le Gouvernement togolais à prendre le chemin du dialogue, avant tout processus électoral.

Le propos ainsi exprimé par Monseigneur Barrigah  fut formellement conforté le 21 juin 2013 par la récente déclaration de la conférence épiscopale du Togo  à l’occasion de sa deuxième session ordinaire de l’année 2013.

La conférence épiscopale du Togo  releva factuellement : *le triste constat du délitement du climat sociopolitique, *la montée de la tension et *l’observance d’un profond mécontentement dans notre pays, encourageant par conséquent, la tenue d’un dialogue politique avant le chemin des urnes, afin d’éviter l’engrenage de la violence au Togo.

L’impératif d’un dialogue structuré avant le prochain scrutin législatif a été encore réaffirmé le 24 juin 2013 par l’Union Européenne et l’ensemble du corps diplomatique accrédité au Togo, et l’ensemble du  Système des Nations Unies, sans oublier les recommandations de la CEDEAO dans ce sens.

Les réformettes cosmétiques du cadre électoral, opérées unilatéralement et en violation de l’article 2 du protocole a/sp1/12/01 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, n’ont pas incorporé des mesures susceptibles de mettre fin aux récurrents dysfonctionnements de tous les processus électoraux au Togo, notamment pour ce concerne les écueils suivants :

1/ la juste et équilibrée composition des membres de la CENI, des CELI(S)  et des bureaux de votes,  

2/l’inique disparité dans la répartition des sièges à l’Assemblée nationale ;

3/l’opacité qui entoure le vote par anticipation des corps habillés ;

4/la traçabilité des votes par procuration ;

5/ la fraude consistant aux rachats des cartes électeurs  et  des consciences

6/ La composition des bureaux de votes prenant en compte des représentants de toutes les formations politiques en compétition.

7/la sécurisation des résultats issus de chaque bureau de vote,

Comment comprendre que  dans  un tel contexte de confusion politique, d’exaspération sociale et de fortes tensions, que le pouvoir croit devoir convoquer de façon comminatoire le corps électoral pour un scrutin législatif prévu pour se tenir le 21 Juillet 2013 ?

Subséquemment, tout laisse augurer de ce que nous nous acheminons inéluctablement vers un  nouvel hold up électoral duquel pourrait découler des  conséquences imprévisibles dans le cas de figure où rien ne serait utilement entrepris pendant qu’il est encore temps.

Notre pays  le Togo étant déjà dans une situation quasi insurrectionnelle, il  ne peut  de surcroît, se payer le luxe d’un nouveau et énième processus électoral bricolé.

Tout esprit raisonnable ne  peut que s’étonner de la décision du pouvoir, d’organiser un scrutin législatif hâtif dans un environnement marqué par une crise confiance élevée, et dans l’évidente impréparation d’un sincère scrutin électoral libre, transparent et démocratique.

Mes chers compatriotes,

Togolaises, Togolais,

Les formations politiques de l’opposition démocratique après y avoir longuement réfléchi, ont estimé par adaptation politique, par réajustement politique et en opportunité politique, de procéder dans le délai fixé par la CENI, au dépôt des candidatures de celles et ceux qui ont reçu l’investiture de leur famille politique respective.

Les deux principaux regroupements de formations politiques de l’opposition, le CST et Arc-en-Ciel  auraient été mieux inspirées en constituant  une liste commune, si le temps et le courage politique ne nous avaient pas fait défaut.

Cependant, je ne désespère de ce que cette option commune et unitaire puisse se réaliser prochainement dans l’intérêt de tous, et pour la satisfaction de cette exigence largement exprimée par l’opinion publique nationale.

Aussi, soyez assurés mes chers compatriotes, Togolaises, Togolais, de ce que le dépôt de candidatures ne constitue pas un acte d’adhésion au processus électoral querellé, dont nous exigeons, la refonte pour en assurer  transparence   et équité.

 Notre choix d’adaptation politique procède d’une réponse politique  au régime en place qui se trouve ainsi dépourvu d’arguments tendant à  soutenir auprès de la communauté internationale que l’opposition se complaît d’une posture de gesticulation et n’est pas disposée à prendre part au prochain scrutin électoral.

En tout état de cause, un dialogue politique s’impose le plus rapidement possible au Togo, et il devra nécessairement déboucher sur la mise en place consensuelle d’un Gouvernement de Mission, composé de toutes les forces politiques républicaines avec pour feuille de route la mise en œuvre de l’ensemble des reformes qui seront actées, et  conduire les prochains scrutins électoraux.

Je voudrais lancer un appel pressant à l’ONU, à l’UE, à la CEDEAO, à l’organisation de la Francophonie, ainsi qu’à la France, à l’Allemagne et aux États-Unis d’Amérique afin que tous, continuent d’exercer les pressions appropriées sur le pouvoir en place au Togo en activant les leviers diplomatiques adéquats pour la préservation de l’unité de la nation et la non addition du Togo  à la carte des conflits en Afrique de l’ouest.

Mes Chers Compatriotes,

Togolaises et Togolais,

C’est le lieu de présenter mes hommages au peuple togolais, et plus spécialement mes républicaines pensées aux femmes togolaises ainsi qu’à la jeunesse togolaise pour leur audace et leur courage à porter la Résistance citoyenne depuis de si longs mois.

J’ai également une pensée particulière  pour les journalistes qui dans des conditions souvent difficiles exercent avec foi et conviction leur métier, en dépit des intimidations, et des brutalités administratives, policières et judiciaires, dont ils sont constamment l’objet.

Ma sincère gratitude s’adresse également à la diaspora togolaise dans son ensemble pour son combat aux côtés du peuple togolais.

La mise en place du Collectif de Résistance de la Diaspora (CRD)-TOGO est un puissant levier de sensibilisation de l’opinion internationale sur le désastre humanitaire qu’est aujourd’hui notre pays. Qu’elle en soit remerciée et félicitée !

Le peuple togolais ne souhaite que le respect et la prise en compte de ses légitimes aspirations démocratiques comme il est de bonne pratique dans tous les pays démocratiques de par le monde.

Le peuple togolais n’attend rien d’autre de la communauté internationale que la demande qui lui est faite d’œuvrer encore qu’il est temps pour le respect de la vie et pour la considération dûe  au choix exprimé dans les urnes par les électeurs togolais. Le peuple togolais n’entend plus voir sa victoire volée par des prédateurs qui ont ruiné le pays et détruit son prestige sur le plan international.

Mes Chers Compatriotes,

Togolaises et Togolais,

Je sais combien vos attentes sont grandes de voir s’éclaircir l’horizon trop chargé d’incertitudes de notre pays.

J’ai conscience de ce que vous attendez des forces politiques de l’opposition, des actions fortes pour que prenne fin la déchirante et déshumanisante souffrance de nos populations.

Je sais combien vous vous interrogez avec angoisse sur ce que nous réservent les prochaines semaines au Togo à voir l’obstination du pouvoir à nous imposer vaille que vaille ses desiderata.

Je n’ai à vous offrir pour toute réponse que la solidité de nos convictions démocratiques Vous devez résister sans relâche aux côtés des forces de l’alternance et du progrès, et voter massivement le moment venu pour leurs candidats  en vue de l’émergence d’une véritable législature au service  de toutes les filles et de tous les fils du Togo tout entier.

Ce n’est que dans l’union que nous triompherons de l’immobilisme, de la violence, de l’injustice, et de la politique de division qu’incarne le régime en place.

Notre constance dans cette dynamique est l’arme par excellence de notre salut, et l’adhésion de nos populations le ferment de notre engagement résolu pour l’alternance en cette année 2013.

Il est encore temps pour Faure Gnassingbé d’éviter l’irréparable en ouvrant courageusement un dialogue politique.

Je reste persuadé de ce que vos souffrances et les larmes de sang que vous avez versé rendront féconde notre lutte dont l’aboutissement est proche pour un Togo uni, réconcilié et prospère.

Dieu bénisse le Togo, et chacun de ses enfants.

Lomé le 25 Juin 2013

Président National OBUTS

Agbéyomé Messan KODJO

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