Les travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) avaient permis de revisiter l’histoire du Togo en se penchant sur les actes de violence commis entre 1958 et 2005. Une fois, sa mission achevée, il revient au Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) de mettre en oeuvre les recommandations de cette commission, tout en contribuant à l’instauration d’un climat social et politique apaisé nécessaire à la réconciliation et de lancer le dispositif d’indemnisation des victimes.
Une question demeure. La CVJR a-t-elle consolidé la démocratie au Togo?. Mgr Nicodème Barrigah (photo), qui avait conduit cette Commission, a essayé de donner des éléments de réponses à cette interrogation, en ces termes: “Nous ne devons jamais penser qu’après les travaux de la CVJR, tous les problèmes politiques seront résolus”.
Il soutient qu’une Commission est “un chantier ouvert, inachevé et qu’elle intervient à un moment donné de l’histoire d’un pays pour apporter sa contribution pour baliser le chemin”.
Il a fait cette intervention jeudi 24 septembre à Atakpamé dans le cadre du 5è Forum Solidarités des Travailleurs du Togo (FSSTT), initié depuis dix ans par l’Ong SADD. C’était au cours d’une communication axée sur “L’Etat de droit, démocratie et alternance au Togo et en Afrique de l’Ouest: les avancées, les freins, les défis et les perspectives”.
Revenant sur la notion de la “Justice transitionnelle”, le prélat a souligné qu’elle est conçue pour un mécanisme d’apaisement, de consolidation de la démocratie, de réparation.
“Les expériences vécues sur le continent, ont démontré que la justice transitionnelle ne rime pas forcement avec la transition politique ou avec l’alternance”, a précisé Mgr Barrigah.
Cependant, force est de constater que d’aucuns doutent de la nature même de la justice transitionnelle. Ils l’appellent un “gadget”, inventé pour distraire les gens. L’on ne veut pas donner libre cours à la justice pénale, donc on invente cette forme de justice pour se sortir d’affaire surtout s’il y a l’amnistie à la clé.
Selon les critiques, note l’intervenant, “beaucoup pensent que la justice transitionnelle “atteint difficilement ses objectifs” car , quand on parle de justice transitionnelle, il devrait y avoir de transition. Quelle est cette justice sans transition? Donc, ils doutent en estimant que cela ne vaut pas la peine.
“Si vous posez la question aux Togolais, après les travaux de la CVJR, si le peuple s’est réconcilié? Nous imaginons la réponse. Ils diront que les tensions continuent”, dixit Mgr Barrigah.
Ce dernier a néanmoins relevé les aspects positifs de la justice transitionnelle ou des Commissions de Vérité. Elle essaie selon les contextes, d’établir un équilibre. Il s’agit d’un mécanisme de recherche d’équilibre entre les besoins de paix, de justice, de démocratie, de développement économique et de l’Etat de droit.
“On ne peut pas faire la justice de façon expéditive. Si elle se fait dans la précipitation, elle peut compromettre la paix. En même temps, on ne peut pas considérer les travaux de la CVJR comme un déni de justice, non!”, affirme le président de la CVJR.
“On ne peut pas mener les travaux d’une Commission sans le droit à la vérité, le droit à la justice, le droit à la réparation, et les garanties de non répétition. L’amnésie est l’ennemie de la réconciliation. On ne peut pas imposer le silence aux gens et leur dire de se réconcilier. On doit plutôt régler le problème d’injustice”, ajoute enfin Mgr Nicodème Barrigah.
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