Au Togo, les accidents de travail sont monaie courante notamment dans le secteur minier et dans la zone franche. Une situation qui inquiète au plus haut point les responsables de Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD). Une Ong qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme pour amener les industries extractives à veiller au respect des droits des travailleurs, lesquels sont foulés au pied.
Les conditions de travail et de vie extrêmement difficiles : privation de la sécurité et de la santé au travail, de la sécurité sociale, des repos, congés payés, des congés de maternité. Ces derniers percoivent des salaires de misère inférieur au SMIG, sont victimes des licenciements abusifs sans moyens et possibilité de recours devant les juridictions compétentes.
Même tonalité pour les travailleurs de la Zone Franche malgré les efforts de revalorisation sociojuridique du secteur par le gouvernement.
Par ailleurs, dans ces deux secteurs d’activité, le tâcheronnat , un régime d’emploi qui fait l’objet d’une réglementation par le code du travail notamment en ces articles 79 à 82 est devenu le moyen par lequel certaines entreprises du secteur minier et de la Zone Franche se dérobent de leurs responsabilités sociales vis-à-vis des travailleurs.
Face à cette situation qui déshumanise l’être humain et le monde du travail au Togo, la nécessité du renforcer les capacités des délégués syndicaux, des délégués du personnel et des travailleurs sur les questions de “santé et sécurité au travail”, s’avère necessaire.
C’est ce qui justifie la tenue du 10 au 11 juin 2016 à Tabligbo, d’un seminaire atelier à l’intention de 30 travailleurs dont 25 des entreprises de WACEM, FORTIA, PAPER-BAG et 05 de la SNPT.
« Pour un travail sécurisé et digne, connaissons les règles de sécurité et de santé au travail », voilà le thème principal de cette rencontre de deux jours qui fait suite à une autre similaire qui s’est déroulée du 20 au 21 mai 2016 à Sokodé à l’endroit des travailleurs de la Zone franche de Lomé, de POMAR à Pagala et ceux de MM Mining à Bandjeli. Ceci, grâce à l’appui technique et financier de Solidarité Mondiale (WSM) et de CCFD-Terre Solidaire.
Lour les organisateurs, l’ambition est d’améliorer les conditions de la sécurité et de la santé au travail dans les secteurs minier et dans la Zone Franche au Togo.
Spécifiquement, il s’agit d’identifier et recenser les dangers, déterminer qui peut subir des effets dommageables et comment, évaluer les risques et décider des précautions à prendre, passer en revue les conventions et la législation togolaise en matière d’hygiène de la sécurité et la santé au travail, et faire des recommandations pour la prise en compte des dispositions législatives relatives à la sécurité et la santé au travail dans le Code minier en voie d’adoption.
“Vu que les accidents se multiplient sur leurs lieux de travail, les travailleurs ont besoin de ces notions élémentaires pour prendre les dispositions par rapport aux risques et aux dangers qu’ils courent dans leur milieu de travail. C’est en ce sens que SADD accentue les séances de formation et au-delà va essayer d’analyser toute la dynamique organisationnelle au niveau de l’Etat togolais sur la question de la sécurité et santé au travail”, a indiqué Yves Komlan Dossou, Coordonnateur général de SADD.
“Cette formation nous a beaucoup outillés car elle permis de connaitre vis-à-vis de l’employeur nos droits et devoirs et surtout les risques et dangers auxquels nous sommes confrontés chaque jour au sein de l’usine ainsi que des mesures de précaution pour prévenir les accidents du travail. En plus, il y a des tables de négociations et si nous n’avons pas de bonnes informations, nous ne pouvons pas affronter l’employeur en discussions”, s’est pour sa part réjoui Lokossou Edoh Kokou, technicien métrologue à WACEM.
“Nous manquons d’unité médicale permanente, d’équipements de protection individuelle, nous sommes exposés à la chaleur, au soleil, voilà entre autres difficultés auxquelles nous faisons face quotidiennement”, a-t-il relevé.
Dans la poursuite de la modernisation de son secteur minier, le Gouvernement togolais a récemment annoncé la réforme de son code minier, afin de « marier l’écologie, l’économie et une meilleure qualité pour la population », permettant ainsi à ses industries extractives de se conformer aux normes internationales.
Par rapport au cadre juridique, le secteur minier du Togo est régi par la loi n°96-004 du 26 février 1996 portant code minier tel qu’amendée par la loi n°2003-012 du 4 octobre 2003 (le Code Minier). Aucun règlement minier n’est actuellement en vigueur. En début janvier 2014, un projet d’amendements au Code Minier (le Projet) a été distribué aux acteurs de l’industrie ainsi qu’un projet des décrets d’application correspondants proposés. Une convention collective sectorielle est également en cours de négociation.