Arrêté au cours des manifestations de rue, en pleine crise sociopolitique au Togo, Johnson Assiba, cadre de banque est déposé à la prison civile de Lomé. Sans procès, son cas inquiète de nombreuses personnes à travers le pays. D’autres personnes sont aussi dans des cas similaires. Cette fois-ci, madame Johnson n’en peut plus. Elle a écrit une tribune où elle réclame la libération de son mari. Cri de détresse d’une mère, une femme en quête de son mari. Aujourd’hui, avec un nouveau-né en main, elle sent avoir un enfant sans père.
Il y a sept mois, ma vie a basculé. Ce matin du 4 avril 2018, en partant saluer mes parents au Ghana, je ne pouvais imaginer un seul instant que je ne retrouverais pas mon mari le soir à mon retour. Ils ont choisi ce jour-là pour me le voler. A mon absence. Enceinte de trois mois, je nourrissais l’espoir de sa libération avant la naissance de notre enfant. L’enfant vient de naître. Une fille. En lieu et place d’un père, pour l’accueillir, Benyiwa se contentera de sa grand-mère, la mère de Assiba.
Ce soir du 4 avril, lorsque je rentre à la maison, j’ai l’impression d’avoir reçu la visite des cambrioleurs. Les portes des chambres et de la cuisine sont défoncées. A l’intérieur tout est saccagé. Peur-panique ! J’accours vers ma belle-mère. Elle aussi n’était pas là au moment du forfait. Mais des témoins lui ont rapporté la scène : Des inconnus (une vingtaine), sont venus avec deux véhicules et plusieurs motos. Mon mari Assiba Johnson était avec eux. Menotté. Sous son regard impuissant, ses ravisseurs ont tout cassé à la maison, avant de l’amener avec eux ; au SRI (Service de Renseignements et d’investigations).
Scandalisée, ma belle-mère s’y rend. Elle est reçue par l’officier qui a conduit l’opération sur le terrain. « Qu’est-ce que vous êtes venu chercher à la maison ? L’avez-vous trouvé ? Pourquoi avez-vous emmené mon fils ? ». L’officier, avec un flegme rare chez les corps habillés togolais lui répond gentiment qu’il ne sait rien de tout ça, et qu’il a juste obéi à un ordre venu d’en haut. Avec un air agacé, il affirme à ma belle-mère qu’au départ il ne savait pas que c’était Assiba Johnson qu’il partait arrêter, car il connaît mon mari et sait que ce n’est pas un voyou.
Aujourd’hui, cela fait sept mois que mon mari est en prison. Et j’ignore toujours le motif pour lequel ils m’ont affligé ce supplice. Je viens d’accoucher. Et j’ai l’impression d’avoir donné naissance à un enfant sans père. Rendez-moi mon mari. S’il vous plaît !
Simone Johnson épouse d’Assiba Johnson
Rappelons que Biova Assiba Kwassi JOHNSON, né le 27 juin 1984 à Glékodzi (dans la préfecture d’Agou) au Togo, est un défenseur des droits de l’Homme togolais. Avec des camarades étudiants, Assiba JOHNSON crée le Regroupement des jeunes africains pour la démocratie et le développement, section-Togo (REJADD-Togo) en novembre 2005. L’ONG est officiellement enregistrée au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation le 11 août 2006.
Tag #Assiba Johnson #lome