Les travailleurs de WACEM ont rendu jeudi 30 juin 2016 à Tabligbo, situeé à 80 km au nord-est de Lomé, un vibrant hommage aux six collègues décédés il y a un an, suite à une explosion mortelle dans l’usine d’une citerne de fuel, un liquide hautement inflammable. C’était à travers une marche silencieuse dans les rues de la localité, sur l’initiative du Syndicat démocratique des mines (SYDEMINES), soutenu dans sa démarche par l’Ong Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD).
Au cours de cette cérémonie, les veuves et orphelins des disparus, les proches des victimes, ainsi que les responsables de SYDEMINES, ont délivré tour à tour des messages de compassion envers les victimes, mais aussi des discours empreints d’appel au respect des droits des travailleurs à Wacem et aux dédommagements des familles éplorées.
Des prières de circonstances ont également été dites pour le repos des âmes des illustres disparus. Un moment très émouvant de recueillement, de communion citoyenne, marqué par des dépots des gerbes et bougies au pied du Monument de l’indépendance de la localité à la chute de la marche.
Quand des concitoyens perdent leur vie dans l’exécution de leurs tâches dans une société minière où les droits humains sont mis à rude épreuve, c’est tous les citoyens qui doivent se lever pour exprimer non seulement leur solidarité mais aussi leur ras-le-bol face à la désinvolture d’un employeur. Et c’est ce à quoi l’on a assisté au cours de cette manifestation.
Un an après ce drame, qu’est ce qui est fait? Kodjovi Sedonou, le Secrétaire général adjoint de SYDEMINES répond en ces termes: “L’employeur ne sait pas où ces veuves et orphelins vivent ou sont logés actuellement. S’ils mangent ou pas, il se s’en soucie pas. La seule chose qu’il a fait, c’est l’enterrement des corps, et c’est tout”. “Lorsque le drame s’est produit, nous avons vu les membres du gouvernement, qui ont fait des promesses, mais un an plus tard, rien n’a été fait et c’est déplorable. Les familles des victimes sont laissées à elles-mêmes. Nous voudrions qu’on prenne au sérieux l’affaire qui est pendante à la justice. Car si cela traîne, les conséquences risquent d’être irrémédiables. Autrement dit, il faut que la justice fasse rapidement son travail”, a-t-il poursuivi.
M Sédonou a par ailleurs dénoncé l’absence des responsables de WACEM à cette cérémonie d’hommage. Un présence effective à leurs cotés qui représenterait un signal fort pour un nouveau départ. Mais hélas ! “Je vous informe que le 16 juin dernier, le même incident s’est reproduit dans l’usine. Ce qui montre clairement que notre employer n’a tiré aucune leçon de ce drame qui a frappé nos collègues. D’où, son absence ne nous étonne guère”, a-t-il dénoncé.
Dans son intervention, ce responsable de SYDEMINES a saisi l’occasion pour lancer de nouveau, un appel aux autorités togolaises pour amener la direction de WACEM à respecter des normes de sécurité sur le lieu du travail. ” Depuis la création de Wacem il y a 20 ans, on aurait dû porter un peu plus d’attention à la situation des travailleurs et aujourd’hui, ces travailleurs seront encore en vie. Il faut donc que des mesures idoines soient prises pour qu’à l’avenir ces genres d’accidents de travail ne se reproduisent plus ni à Wacem, ni à Forfia, ni à Paper Bags”, a martelé M Sedonou.
“Nous remettons notre sort dans les mains du gouvernement car si la vie des travailleurs n’est rien pour notre employeur, elle serait néanmoins chère pour nos dirigeants”, a-t-il ajouté.
S’agissant de l’état d’esprit des familles éplorées notamment des veuves, c’est le chagrin, le desespoir et surtout l’amertume qui se lisait sur les visages, suite à la disparition tragique de leurs époux. L’émotion était vive : des pleurs par-ci et des grincements de dents par-là.
Réagissant par rapport aux allégations selon lesquelles une enveloppe financière de 20 millions de FCFA aurait été remise à chacune des familles touchées par le drame de WACEM, l’une des veuves dont nous préférions taire le nom, a répondu par le négatif. “C’est des rumeurs répandues un peu partout dans la localité. Quand vous nous regardez, est-ce que nous avons l’air d’avoir ne fusse que 10 mille francs dans nos poches?”, a vociféré cette dernière.
“Ils nous ont promis qu’ils allaient nous venir en aide. Mais jusqu’ici, rien n’est fait. Nous ne trouvons pas à manger à la maison, les enfants sont déscolarisés faute de moyens, nous avons des nourrissons qui ont besoin de soins, c’est vraiment difficile de nous en sortir toutes seules avec nos enfants qui sont à notre charge. Il faut que les autorités fassent ce qui est à leur pourvoir pour notre survie et celle de nos enfants”, a plaidé une autre, visiblement très remontée.
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